ARTS VISUELS/ PLASTIQUES

MARTIN PAAR

Publié le jeudi 11 octobre 2012 16:26 - Mis à jour le vendredi 27 mars 2015 12:27

 MARTIN PAAR

Martin Parr, USA, Hollywood, Attendees at a charity function, série Luxury, 2000
Couleurs voyantes, motifs bizarres et narrations concises sont les caractéristiques de la photographie de Martin Parr (né à Bristol en 1952). Si plusieurs de ses images peuvent paraître excessives dans leur propos, elles sont toujours étonnamment inventives et pleines d’humour. Pendant plus de trente années, Martin Parr a réalisé un vaste travail documentaire sur la société occidentale, principalement en Grande-Bretagne, son pays d’origine. Mais il s’est aussi intéressé aux phénomènes de la mondialisation tels que le tourisme de masse, les comportements consuméristes ou le soi-disant temps libre. Son travail est aujourd’hui considéré comme une satire de la vie contemporaine démasquant le grotesque dans le banal.

 

 

Martin Parr - Japan. Miyazaki. The artificial beach inside the ocean dome. Série "Small World !", 1996 Pointer le ridicule de Mme et M. Tout-le-Monde Cette plage artificielle japonaise, à quelques kilomètres d’une vraie plage, illustre l’absurdité de l’existence humaine. Pour Martin Parr, le “touriste” est un individu privé de liberté dans sa façon de se vêtir, de voyager, de se faire plaisir. Il va à la découverte de ce qu’il connaît déjà. Les clichés de sa série “Small World !” >  photos stéréotypées des touristes

 

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Planète Parr. La collection de Martin Parr
30 juin – 27 septembre 2009
Marta Gili, directrice du Jeu de Paume :

Consommation, affiliation et identité : trois concepts sur lesquels Martin Parr
élabore une grande partie de son œuvre. Ses images, désormais célèbres, déclinent en effet quelques uns des paradoxes actuels de la mondialisation : rapports sociaux et comportement grégaire, décloisonnement des frontières entre espace public et espace privé, déplacements et tourisme de masse, redéfinition des sentiments
d'appartenance et des sentiments identitaires  ...
En bref, elles donnent la vision d'une société dans laquelle biens symboliques et biens matériels empruntent les mêmes voies rapides, se croisent, s'intercalent, et très souvent fonctionnent sur les mêmes modes.

 

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Né à Epsom en 1952, Martin Parr a grandi dans une famille de la classe moyenne de la grande banlieue de Londres. Ses parents étaient passionnés d ́ornithologie, et son père l ́emmenait observer les oiseaux chaque semaine. C ́est son grand-père, George Parr, membre de la Royal Photographic Society, qui l ́a initié à la pratique photographique.
Peu scolaire, le jeune garçon manifeste très tôt sa curiosité pour les activités artistiques.

Son premier reportage (scolaire), dans un hôpital psychiatrique, soulève quelques réticences de la part des professeur.es, mais Parr poursuivra néanmoins son travail de prélèvement photographique sur le mode de la chronique sociale. Pour son diplôme, en 1973, il construit un environnement réunissant des objets, des cartes postales et ses photographies ; le tout est accroché dans un décor de chambre à coucher cosy et agrémenté de parfum bon marché et de musique de variété. Le titre est ''Home Sweet Home''.

Au cours des années qui suivent,  il réalise des compositions complexes, sans indulgence à l ́égard des modèles, Martin Parr intègre le vocabulaire de l ́imagerie populaire et utilise jusqu ́à l ́excès les couleurs criardes, en dépit de l ́opposition traditionnelle des cultures high et low.. Parr se voit parfois reprocher d ́associer à sa démarche documentaire une esthétique de la séduction qui recourt à l ́exagération ou au grotesque. Il entend ainsi déjouer les pièges d ́un supposé « bon goût », attitude qui l ́a toujours conduit à s ́intéresser à la rencontre entre les images et les objets – «souvenirs » ou « dérivés » –, et à accumuler les éléments décoratifs ou les ustensiles illustrés de son temps. Il cherche à faire apparaître tant les caractéristiques culturelles des différents pays que leur nivellement et leur globalisation. Le spectateur peut ainsi associer certains signes de la mondialisation avec des expériences visuelles, lier l ́individuel au collectif et valoriser la singularité qui subsiste malgré tout dans les pratiques de chacun.
 
OEUVRES :

Les photographies :
Caractérisée par la dérision et l'ironie, l'œuvre de Martin Parr rejoint le domaine de la photographie documentaire, dont il propose une approche nouvelle. Son travail apparaît comme l'un des témoins privilégiés de la société britannique à l'époque de Margaret Thatcher. Joel Meyerovitz, William Eggleston et Stephen Shore ont une influence importante sur lui.  Il a travaillé sur de nombreux projets en réalisant des séries, par exemple sur le tourisme, où il montre le contraste entre l'attente et la réalité, ou encore une série sur lui-même, avec des prises sur plusieurs années, où il présente la même attitude. Il veut montrer les différentes techniques utilisées par les petites boutiques de photographie pour se faire tirer le portrait.  Martin Parr utilise un Plaubel Makina de moyen format, il s’équipe d’un objectif grand angle (55 mm) et d’un flash auquel il a recours même par temps lumineux. À partir de 1995, suite au changement d'appareil photo, ses clichés représentent des sujets en gros plan (série « Common Sense »)

Les cartes postales  :
L'éventail de cartes postales conservées par Martin Parr couvre toute l ́ histoire de cet objet imprimé et comporte plusieurs des premiers spécimens datant de la fin du XIX e siècle. Au début du XX e siècle, la carte postale sous forme de reportage est une production rapide et économique mais les potentialités techniques de la photographie favorisent également l ́ essor des cartes de fantaisie et inspirent de nombreux artistes. Le fonds de Martin Parr comprend notamment des cartes signées Warner Gothard (fondateur du studio Barnsley qui a fait sa spécialité des images d ́ accident) ou John Hinde (créateur, dans les années 1950, d ́ une agence de cartes postales, connues pour la qualité et la vivacité de leurs couleurs), des cartes postales de vacanciers ou encore des curiosités, à ́ exemple des boring postcards (cartes postales ennuyeuses) exaltant des vues d ́ autoroutes, d ́ immeubles préfabriqués, d ́ intérieurs privés ou publics. Ces cartes témoignent des usages variés dont ce mode de communication simple, bon marché et populaire a fait l ́ objet, ainsi que de l ́ invention d ́ un véritable langage visuel. À travers leur encadrement par séries, Martin Parr fait apparaître son intérêt pour la forme, les variations sur un thème et les possibilités d ́ un genre, ce qui renvoie à sa propre pratique

 

Les objets :
Divers objets jalonnent l ́accrochage : ils s ́apparentent à l ́ère des Spoutniks soviétiques, au « règne » de Maggie Thatcher, au succès du groupe pop des Spice Girls, à l ́attentat du 11 septembre... Autant d ́événements qui ont façonné la mémoire collective par leurs fréquentes évocations dans les médias, où l ́image joue un rôle fondamental. Ces objets ont été collectés par Martin Parr parce qu ́ils révèlent, en raison des différents discours qu ́ils soutiennent, les paradoxes de l ́esprit de son temps. Leur association par thème les charge de significations plus complexes qu ́il n ́y paraît : « J ́éprouve [...] une grande attirance pour les objets éphémères. Leur signification et leur contexte culturel se modifient à mesure que le monde change. Beaucoup de ces objets sont en lien avec des personnes ou des événements qui renvoient à la gloire révolue d ́époques et de lieux bien précis. Quand cette gloire s ́enfonce dans le passé, l ́objet prend une résonance nouvelle, et c ́est ce phénomène qui est au cœur des collections présentées ici. » Dans le hall du Jeu de Paume, un choi x d ́objets à l ́effigie de Barack Obama, pour certains vraiment extravagants, offre un exemple récent de la transformation d ́ éléments de consommation en slogans politiques. Préservatifs, produits alimentaires et cosmétiques affichant qu ́ « il est temps de faire un nettoyage » mêlent étrangement programme politique, sexualité et rituels corporels.

films :
Les films Trois films de Martin Parr sont présentés dans l ́ exposition : Vyvyan‘s Hotel (1998), Think of England (1999) et It‘s nice up North (2005). Small World (1986- 2005) Consacrée au tourisme de masse, cette série entreprise dans les années 1980 trouve une place très à propos dans le jardin des Tuileries, lieu touristique par excellence. Martin Parr y interroge la culture et le mode de consommation des classes moyennes. Il souligne en particulier leur attirance pour des objets, des tenues vestimentaires et des destinations stéréotypés, qui cohabite pa radoxalement avec un désir d ́ originalité ou d ́ aventure. Dans ces photographies désormais célèbres, le spectacle est au premier plan : armés de caméra vidéo, les touristes semblent davantage fascinés par les cartes postales et les bibelots que par les lieux qu ́ ils sont venus découvrir, un comportement auquel nul n ́ échappe

La collection :
Martin Parr
est atteint de collectionnite aiguë. Tout y passe ou presque : souvenirs, cartes postales, gadgets en tous genres et photographies, bien sûr. Mais au-delà de toute passion, il en est une qu’il tient particulièrement en affection, au point de se voir parcourir le monde dans ce seul but : collectionner les livres photo. Avec pas moins de 12 000 livres amassés durant les 35 dernières années, sa collection forme l’une des plus importantes, si ce n’est, la plus importante au monde selon Simon Baker, conservateur en chef à la Tate Modern de Londres.

C’est que l’histoire remonte à loin. Son intérêt pour le livre fait son apparition lorsqu’il étudie la photographie à la Manchester Polytechnic dans les années 1970. Mais le véritable déclic s’effectue la décennie suivante avec l’achat d’une édition originale de The Americans, de Robert Franck, puis d’une autre, The English at Home, de Bill Brandt. Il prend alors peu à peu conscience du marché juteux que représente le livre de photographies et s’en retrouve conséquemment l’un des plus heureux bénéficiaires. Car s’il dit avoir acheté de bons ouvrages comme de mauvais, il avoue volontiers que le montant total de sa collection, dont il ignore la valeur exacte, se chiffre probablement de façon « substantielle » affirme-t-il à la journaliste Liz Jobey dans une interview parue ce mois-ci sur le site du Financial Times. Mais nulle question d’en faire commerce. Il ne s’agit pas d’argent.

Car si Martin Parr jouit aujourd’hui de l’éclosion du marché du livre de photographies, il y a également, en partie, contribué. A l’époque, ce qu’il cherchait n’intéressait qu’une petite poignée d’amateurs, en particulier au Japon. Quand il n’est pas en train de chiner, parfois même sur eBay ou dans les villes qu’il parcourt, Martin Parr se fie à ses "correspondants" déployés aux quatre coins de la planète, qui l’aident à dénicher les perles rares, comme en Chine, qui reste le seul territoire selon lui encore inépuisé.

De toute évidence, le photographe, qui dit avoir tout appris de la photographie à travers les livres, se sent investi d’une mission : celle de constituer l’histoire du livre de photographies. D’une simple inclination, ce dernier fomentera un projet ambitieux, dont les émanations lumineuses permettront de pallier le désintérêt dont ont fait preuve les commissaires d’exposition qui, juge-t-il, ne lui ont pas accordé l’importance qu’il mérite. Ce qu’il souhaiterait pour l’avenir de la collection ? Qu’elle fasse l’objet d’une collection publique au Royaume-Uni, jusqu’alors inexistante. En pourparlers avec certaines institutions locales, le collectionneur n’a encore rien décidé pour le moment.

 



Une vidéo concernant le travail photographique et documentaire de Martin Paar :

http://www.dailymotion.com/video/x9sxa9_planete-parr_creation
http://www.youtube.com/watch?v=qdgDogL9bGI

 

 

 

DE L'IMPORTANCE DE CONNAÎTRE LES IMAGES (NATURE, FONCTION, STATUT)

EN FRANCE, NOUS PERCEVONS ENTRE 350 et 2500 PUBLICITES QUOTIDIENNES !
La question essentielle du « combien » est loin d’être triviale. Il existe assez peu de recherches à ce sujet : la question serait elle tabou ? Selon la méthode de calcul et surtout la définition du mot « publicité », ce nombre est très variable. Ainsi si nous considérons les supports publicitaires dits « above the line » (versus « below the line », ou hors média) comme TV, radio, l’affichage presse et cinéma, un calcul rapide considérant la consommation de médias en nombre d’heures par jour, de l’ordre de 6h/jour, multipliée par le nombre moyen de publicités diffusées par heure cela nous donne une première approximation de l’ordre de 350 publicités par jour et par personnes. Ce chiffre semble être une large sous-estimation de la pression publicitaire réelle pour plusieurs raisons. Bien entendu, Internet vient largement augmenter ce nombre de publicités lues ou entendues par jour par personnes tout comme la consommation simultanée de médias et surtout le nombre croissants de supports publicitaires « hors médias » vont radicalement faire croître les parts de publicités dans notre cerveau !

En ce qui concerne la consommation simultanée des médias, selon une enquête de KR Médias, 71% des internautes de 13 à 24 ans surfent, par exemple, en même temps qu’ils écoutent la radio entre 21h et 22h alors que 40% des 25-34 ans surfent en même temps qu’ils regardent la télévision entre 20h et 21h. Considérant les médias classiques, la consommation simultanée de médias classiques, Internet (2h/j) ainsi que d’autres formes de publicités « hors médias classiques » comme les publicités sur les trams ou autobus, nous serions exposés chaque jour à environ 1.200 à 2.200 publicités.

 


Arnaud Pêtre, chercheur en neuromarketing   http://www.etopia.be/spip.php?article569